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L'Hydre et le Dragon : Chap11 "Lady S'il-Vous Plait"

Par NoiseBlasphemer | Le 10/06/2018 | Commentaires (0) | Science-fiction

D'une démarche digne mais rapide la Prophétesse Dalaën fond droit sur le quai d'appontage où est stationné le chasseur spatial du Polémarque Henril Lothariël. Elle remonte un long et large couloir illuminé de gemmes irisées qui fournissent une lumière douceâtre d'un bon pas. Son port de tête est magistral et ses longs cheveux à la teinte d'un vert lumineux volettent derrière elle. Lorsqu'elle aperçoit à l'autre bout du couloir d'accès la haute silhouette équipée et armurée pour le combat d'Henril Lothariël et ses deux acolytes, elle s’arrête. « Polémarque Lothariël ! » lance t-elle d'un ton injonctif avec une voix ferme. Le grand mâle se retourne lentement un sourire aux lèvres dévoilant ses canines pointues. Sa peau et d'un blanc laiteux de même que l'iris large de ses yeux. Il a une longue crinière attachée en queue de cheval sur le haut de sa tête qui lui descend jusqu'au milieu du dos. Pour un Sylphide il est très grand bien que sa stature musculeuse ne lui enlève en rien ce type filiforme commun à tous les membres de son espèce. Dans ses mouvements de chat on sent l'agilité et la vivacité d'un guerrier redoutable. Il porte une armure complète dans des formes arrondies et ovales aux arrêtes découpées. Elle est blanche et vert pâle, aux couleurs de l'arbre-monde et en affirme l'héraldique. Une cape bleue et verte faite d'un tissu d'ornement est attachée dans son dos à ses épaulières. Il tient son casque, oblong et prolongé d'un cimier de crins bleu foncé, sous le bras. Sur sa poitrine, enchâssées dans son plastron, deux gemmes sylphides de belle taille lui garantissent la récupération de son âme s'il venait à tomber au combat. A ses côtés, il arbore trois sabres effilés aux profils propres à la race Sylphide. Son visage en lame de couteau marque une pointe de supériorité alors qu'il fait face à Dalaën. Il la toise d'un regard hautain avec ses yeux blancs. Les deux hoplites en sa compagnie ne se montrent par hostiles à son arrivée mais se permettent néanmoins d'adopter une aptitude défensive derrière leurs boucliers et leurs casques. « Prophétesse Dalaën... » répond le général avec morgue et autorité. Alors qu'elle se remet à avancer, les deux hoplites se postent devant le Polémarque en gardes. Ils lui barrent le passage. Surprise et outrée de ce manque de respect à son autorité, elle stoppe devant eux et se dresse, épaules droites en les mesurant du regard. « Otez-vous. » ordonne t-elle simplement, les bras le long du corps, sûre de son autorité. Les deux soldats refusent de bouger, n'adressant ni parole ni signe à Dalaën indiquant qu'ils tiennent compte d'un ordre directe. La poitrine de la Sylphide se soulève d'indignation retenue alors qu'elle perce des yeux leurs casques. Derrière le rempart de ses hommes le Polémarque Henril Lothariël incline la tête amusé. Il est évident qu'il ne craint rien de Delaën physiquement mais l'altercation sociale et la guerre politique c'est autre chose... Un Sylphide ne saurait en tuer un autre pour ce motif ; c’est un lourd tabou. Néanmoins le Polémarque le sait bien, il existe des milliers de manières d'avoir le dessus sur un adversaire qui n'impliquent pas d'en venir au sang. Après un silence pesant Dalaën découvre ses crocs dans un faciès menaçant écaillant le vernis de sa grande sociabilité. Elle s'adresse directement aux deux guerriers du haut de sa frêle et petite stature avec une voix froide : « Ainsi donc vous n’osez m'affronter qu'à visage caché ? Attaque t-elle. Est-ce là la grande tradition d'honneur de nos guerriers ? Ils se tendent sous le charisme de son intimidation malgré son physique fragile. Elle a l'âme d'un chef. Dissimulez-vous derrière vos masques de honte et enfreignez nos lois avec outrecuidance puisque c'est ce que vous souhaitez, mais n'oubliez pas qui vous défiez, hoplites : Je suis la Prophétesse Dalaën héritière du vénérable Haut Prophète Seral Heris Ducat. Je suis sa voix sur Min'Bharaï. Je vais me répétez une dernière fois : Otez-vous ! » Spectateur de la joute le Polémarque n'intervient pas. Premièrement il est curieux de voir le dénouement de cette interaction. Deuxièmement, s'il donne l'ordre de la laisser passer et qu'ils obéissent après avoir refusé de se soumettre à celui de la Prophétesse, cela causera d'autres problèmes au sein du conseil des Héliastes... Ce qu'il ne souhaite pas, c'est suffisamment difficile de les convaincre sans faire la preuve de son zèle évident. Il doit bien lui reconnaître qu'en matière d’autorité, elle a largement les talents et la présence que lui prête son mentor. Les deux soldat se ravisent et reculent. A droite, puis à gauche, la femme leur jette un regard de représailles qui fuse comme une lame avant de reprendre son masque de politesse, à défaut de pouvoir revêtir celui de la sérénité. Elle se plante devant Henril et s'incline avec le respect qui lui est du malgré leur inimité. Il la salue à sa manière, respectant le rituel de sa caste, en frappant son poing droit contre son épaule gauche et en exécutant un hochement de tête pour accompagner le mouvement de son bras. « J'ai ouï dire que vous aviez reçu l'autorisation d'intervenir au sujet des humains sur Sâmash. Elle rentre immédiatement dans le vif du sujet sans perdre la moindre minute en ronds de jambes. Henril sourit toujours.
- En effet. Acquiesce t-il avec suffisance.
- Je ne crois pas que vous aillez obtenu l'unanimité néanmoins... Ajoute t-elle consciente que pour cela, il aurait fallu qu'elle soit présente également pour lui donner sa voix. Il se renfrogne un peu.
- Mais j'ai obtenu le quorum. Les yeux de la femelle lui lancent un reproche silencieux. Le guerrier qui la surplombe insiste : Les sacrifices de Min'Bharaï et votre imprudence vis à vis des Singes-Parlants n'ont que trop duré. Je les ai convaincu d'agir. Frappé par la colère Dalaën renchérit.
- Pour l'instant ! Je n'ai pas dit mon dernier mot Lothariël, vous ne l'emporterai pas aussi facilement. Vous ne prendrez pas l'espace pour Sâmash aujourd'hui, croyez-moi sur parole ! Elle pointe un menton hautain vers lui en guise de conclusion. Il ne l'entend pas ainsi.
- Ce n’est que le début au contraire. Aujourd'hui ils m'autorisent à intervenir sur Sâmash, demain nous réglerons le problème de la Prophétie à ma manière et à celle du Sycophante Istilzhär ! Dalaën hausse le ton.
- Istilzhär n'est plus là et nous avons tous convenu il y a bien longtemps de suivre le plan du vénérable Sirion Calaën Filil. Le Sycophante n'était pas d'accord avant sa disparition, mais il s'est plié au désir de Min'Bharaï ! Calaën Filil comptait sur les Humains et il savait que leur espèce doit être sauvée. Pleine de ferveur elle argumente avec foi : Sirion a compris qu'ils sont une race jeune. Si nous les guidons, ils pourront vieillir, apprendre et éviter de reproduire nos propres erreurs. Êtes-vous arrogant au point d'oublier notre histoire ? Lothariël est outré de la remarque. Ils font eux aussi partie de l'Univers, tout comme nous. La vie trouve toujours un chemin Lothariël, si on lui laisse une chance ! Silencieux devant l'appareil avec lequel il s'apprêtait à éradiquer le problème de ce vaisseau humain en orbite de Sâmash, il prend la mouche à son discours.
- Istilzhär est peut-être introuvable mais Sirion est mort ! Vous avez beau vouloir croire que son âme est quelque part, la vérité c'est que ça gemme a été détruite, profanée et pillée par ces Humains que vous affectionnez tant ! Dalaën baisse les yeux, c'est la vérité en effet. Une vérité que Ducat n'a jamais voulu éclaircir. Son âme a été anéantie et il est inutile de ce conformer à un plan qui est voué à l'échec du fait qu'il inclut la variable de ses animaux bipèdes ignorants ! Henril pose un court silence pour la laisser accuser ses propos. Dalaën, vos études à leur sujet et votre proximité avec l'Archonte Lhenyr et ses opinion fantasques obscurcissent votre jugement. Il pique au vif. Nous -les membres du conseil des Héliastes- sommes en droit d'attendre un peu plus de clairvoyance de la part de celle qui se vente d'être l’initiée de Ducat lui-même et qui ne tient son autorité qu'à l'absence de celui-ci. Vous n'être pas votre mentor Dalaën et nous le savons tous ! Si vous les aimez tant, ces primates, vous devriez envisager de vivre avec eux ! Indignée par l'injure, la Prêtresse fait un pas de recul !
- Comment osez-vous ? La vision de Ducat ne fait peut-être pas l'unanimité mais l'Oracle... » A cet instant un groupe d'individus se dirigent à pas déterminer vers leur position. Cela interrompt immédiatement l'altercation. Les deux hoplites se redissent et prennent une position directement hostile. Une petite foule conduite par l'Archonte Lhenyr fait masse à l'entrée du hangar. Ils s'avancent et s'alignent en arc de cercle autour de l'espace qui accueille le petit vaisseau intra-système. Une quinzaine d'individus se répartissent calmement de part et d'autre du meneur et examinent avec un air désapprobateur le Polémarque. Ils ont entendu ses paroles irrespectueuses et provocatrices, cela ne leur plaît pas. Dans l'hypothèse où sa position se justifie, où elle trouve son argumentaire et même s'il avait au final raison, il n'est pas permis de s'adresser ainsi à la Grande Prêtresse. Son allié s'avance doucement jusqu'au barrage protecteur des hoplites et s'incline respectueusement à l'attention du Polémarque Henril Lothariël. « Je vous prie de nous excusez Polémarque Lothariël, intervient-il poliment ; mais je crains que vos obligations envers le conseil de l'Ekklesia au sujet de cette intervention ne vous retiennent ici. » L'autre fulmine en silence derrière son masque d'impassibilité. « Puis-je vous demandez de les suivre afin de leur exposer l'alternative que vous exposiez à l'instant à la Prêtresse Dalaën avec autant de... conviction ? » D'un regard plein de haine Lothariël tourne la tête en direction de celle-ci qui semble étonnée mais pas surprise de la manœuvre de Lhenyr. D'un geste sec et irrévérencieux, il l'ignore et se dirige vers l'Archonte en dépassant la Sylphide et ses gardes du corps. Il enrage de n’avoir anticipé ce retournement. Après tout, en jouant sur le rôle patriarche du Haut Prophète Seral Heris Ducat, ils peuvent justifier l'ingérence de l'Ekklesia dans les affaires des Héliastes ! Il n'y a plus qu'à espérer que les primates ne trouvent rien sur le sol de Sâmash ! Dalaën se déplace elle aussi à la suite d'Henril en adressant ses respects au maître actuel du conseil tournant de l'Ekklesia. Son regard croise celui de Lhenyr dans un sourire dissimulé et celui-ci prend soin de se tenir en arrière alors que les membres du conseil repartent avec la Prophétesse, le Polémarque et ses deux acolytes. C'est lui qui ira sur Sâmash. Lhenyr prendra néanmoins quelques précautions, l’Archonte sait que les humains peuvent parfois se montrer stupides !


C'est en vue du sommet d'une ziggourat qu'émergent le capitaine Carlos Del Mar, le protector Angus Maël, le Psionique Teodor Strojan et la contrebandière la Sasha « Sica S'Il-Vous-Plaît » Van Pelt. Après une longue exploration où leur sens de l’orientation a été mis à rude épreuve, ils se rendent compte qu'ils n'ont absolument aucune idée de leur localisation géographique ! Impossible de faire usage du scanner et de son équipement d’auto-localisation à l’intérieur de la cité de cristal. Les perturbations magnétiques y sont tellement importantes que l'appareil affiche une image saturée en permanence ! Ce désert minéral dans lequel le vent s'engouffre prend les explorateurs à l'estomac. Le souffle crée une musique inquiétante en glissant le long de la pierre translucide et noire d'encre donnant un air plus mortifère encore à la citadelle. C'est un cimetière, un immense caveau où gisent endormis des souvenirs lointains. En divers endroits, le groupe d'aventuriers découvrent quelques vestiges des anciens habitants, figés dans la roche, pris comme des moustiques dans l'ambre. Sasha fait halte à plusieurs reprises, examinant avec un émerveillement non dissimulé ce témoignage direct de la catastrophe. Elle reconnaît dans ces prisons immobiles les vêtements, les armes et les ornements de la glorieuse et ancienne civilisations Sylphide ! Civilisation si puissante et si sage, si avancée, qui pourtant semble avoir connu ici un destin tragique. Pleine de fascination, elle enjoint ses camarades à l'observation. Des trésors truffent certainement les lieux, il suffit de mettre la main dessus ! Parfois dans les reflets magiques de l’orichalque sombre semblent bouger des masses d'ombres au coin de leur champ de vision. Les tableaux de l'horreur du cataclysme paralysés dans leur gangue, eux, restent immobiles à jamais. Le psionique Strojan se fait muet, inaccessible : ses pensées fermées au monde extérieur. Il se cloître dans sa forteresse intérieure à l'abri des agressions incessantes des visions terrifiantes dont il ignore l’origine. Parfois il est parcouru de tremblements et s'arrête, évitant soigneusement de toucher aux parois de cristal fumé et luisant d'un éclat violacé. Il décrit toujours cet oiseau qui l'assaille, la sensation de brûlure et une marée de ténèbres. La seule phrase qu'il prononce en télépathie durant l'expédition est que le Mal a été enfermé ici, qu'il sommeille et attend que le Démon vienne réveiller ses Élus. L'ambiance ne se fait que plus pesante alors ! Au bout d'un moment, ils quittent une longue cavité semblable à un couloir de quelques dix mètres de large et débouchent avec précaution sur le vide ! Un puis gigantesque, dont ils ne distinguent pas le fond qui s'enfonce sous terre dans la nuit épaisse et profonde. Au centre de celui-ci, perché sur un construct de plusieurs dizaines de mètres de haut au-dessus de l’abîme, une pyramide. Les deux rives se rejoignent reliées par une passerelle longue et étroite. Au milieu de la ziggourat, à son somment, une construction superposée en forme de dôme ovoïde d'où partent d'épaisses lianes, se dresse de manière atypique. Parcourues de courants électriques, cette architecture étrange luit d'une lueur bleutée au travers de la noirceur de la masse rocheuse. Le psionique se détend un peu en approchant de cette zone où -fait-il sentir- l’oppression est moins forte et où ses sens æthériques sont moins paralysés par les visions d'horreur. Il partage la sensation de ce vent frai dans son esprit afin d'apaiser les autres. Sasha qui désespère de pouvoir utiliser le scanner braque sa lampe torche dans la direction de la construction centrale qui domine plusieurs dizaines de mètres de chute verticale et tente de faire confiance à ses yeux malgré l'absence de visibilité. Le long de ce chemin suspendu, au-dessus du vide on peut voir des marques sombres, comme si un objet carbonisé avait laissé la marque de son passage à travers les siècles. La lumière blanche coure sur la fine passerelle dépourvue de main courante ou de garde-corps. Mieux vaut ne pas avoir le vertige ! Elle fixe le rayonnement lumineux au bout du pont avec une intensité avide. Quelque chose de fascinant se trouve juste à portée de main ! Quelque chose de jamais vu c'est certain ! Alors qu'elle s’apprête à passer en premier et qu'elle avance d'un pas en déglutissant, Carlos Del Mar, lui barre la route d'un bras. Derrière son masque à oxygène, en dessous de ses verres tintés remontés sur sa tête, il lui indique d'un regard sévère et entendu qu'il passe devant. L'homme et son penchant chevaleresque s'avancent donc prudemment de quelques pas sur la passerelle étroite. L’écho du vide au-dessous de ses pieds est vertigineux. Le moindre son réverbéré plonge dans le gouffre avec fracas. Alors que la lumière de la torche ballait devant lui, Sasha lui emboîte le pas prudemment et en silence. L'aspect massif et sécurisant de l'homme la happe avec magnétisme. Elle s'agrippe malgré elle à son bras. Le lieu, si froid et si prenant à la fois la fait frissonner d’excitation et d'angoisse mêlées. Derrière elle, elle entend Teodor Strojan qui les suit de près avec sa respiration encombrée. Il transpire à grosses gouttes sous les efforts colossaux de volonté qu'il doit fournir. L'aventurière se fait la réflexion qu'ils ont de la chance que le psionique soit expérimenté... Une infiltration æthérique ici est probablement la dernière chose dont ils aient besoin aujourd'hui ! Tout à suffisamment foiré, inutile d'accumuler la malchance. Elle fronce soudain les sourcils. En se remémorant sa mésaventure sur Pandora avec le capitaine contrebandier Jaya Quinsey il y a trois ans de cela. Elle évoque en elle-même la possibilité que tout cela tourne mal. Une ombre passe dans son champ de vision, juste dans l'angle mort. Elle sursaute. Angus Maël sur leurs talons est raide, inquiet et prêt à en découdre si nécessaire. Sasha se dit que si une créature telle que celle qu'elle a rencontré sur Pandora vient à les attaquer, sa hache brutale et sophistiquée de technologie n'y pourra rien. Elle jette un regard tendu à Teodor. Le psionique serait peut-être leur seule chance alors ! A supposer qu'il dispose de capacités offensives... Rien n’est moins sûr ! Au bout de cette traversée qui dure une éternité de plomb, ils accèdent finalement au sommet de la ziggourat. La jeune femme trottine sur ses deux derniers pas pour atteindre le santa-madran et s’agrippe plus fermement à son épaule. Devant eux, une arche qui luit d'un éclat bleu les sépare de l’intérieur du dôme par un rideau de lumière opaque. A l'entrée de celui-ci, les traces sombres comme de la suie s'étalent. Elles ressemblent à des créatures en forme de papillon. Celles-ci ont l'air d'avoir été soufflées si brutalement qu'elles ont laissé au sol sur la plate-forme, la marque de leur ombre imprimée dans la pierre ! * Je ressens une présente extrêmement puissante ici ! * La voix psychique inattendue de Teodor dans sa tête fait tressaillir Sasha. Alors que les trois hommes se sont arrêtés devant cette entrée mystérieuse, la jeune femme se pique d'une curiosité dévorante. Elle contourne lentement Carlos et le dépasse. Il la retient par la main l'interrogeant du regard à cause du mutisme imposé par leurs respirateurs. Les yeux de la femme sont déterminés et remplis d'obsession, autant pour toute l’architecture sylphide qu'est ce lieu que pour ce qu'il cache. Elle le lâche lentement, prend une profonde inspiration et pénètre dans le rideau de lumière bleu qui l'avale entièrement !

A l'intérieur le spectacle est saisissant. Dans la pénombre éclairée de cette lumière colorée, le regard de la jeune femme se fige aussitôt sur l'élément central de la pièce. Carlos Del Mar la rejoint accompagné rapidement de ses deux acolytes. Ils restent interdits face à ce qu'ils voient. L'espace ovale se déploie autour d'eux, encombré de lianes aussi grosses que des câbles d'alimentation de générateur. Elles partent dans murs extérieurs et s'enfoncent probablement dans toute la ziggourat au-dessous de leurs pieds. Sur une estrade hexagonale est monté un cadran circulaire un peu plus haut qu'un homme debout. Le cerceau vertical est parcouru d'arcs tant et si bien que l'énergie fait dresser à l'équipe d'humains les poils sur la peau. Une végétation semi cristalline continue de pousser inexorablement sur le dispositif. A l’intérieur, branché depuis un temps immémorial, couvert de cristaux qui ont grandi sur son épiderme transformé en écorce par les affres du temps, un mâle Sylphide est figé, bras et jambes écartés. Dans cet état de stase, sa peau est devenue aussi foncée que du bois et la roche s'est développée d'elle même le long de ses muscles. Elle dessine la maille d'un cristal pur et translucide. Rien à voir avec la noirceur de la structure à part la nature basique de la matière. Le tout luit d'une lumière bleuté qui inonde tout autour ! Ses cheveux sont devenus longs au point de se confondre avec les lianes qui le relient à l'appareil et au formidable générateur que doit être la ziggourat ! Ses yeux entièrement bleus sont les témoins de l'énergie phénoménale que canalise ce corps en suspension ! Son crâne est surmonté d'une couronne dotée de gemmes magnifiques. Sasha Van Pelt n'en a jamais vu d'aussi sublimes ! Elles aussi éclairent l'individu lui donnant une apparence éternelle. Dans ce spectacle étrange et baigné d'une lumière froide et pulsante, sous le vrombissement lent et subtile de l'extraordinaire machine sylphide, les intrus braquent leur intérêt sur le curieux témoignage du temps au pied de l'appareil. Sur les deux marches menant à un imposant bloc de cristal aux anfractuosités à première vue irrégulières attenant au cercle, est disloquée ce qu'ils prennent en premier lieu pour une armure alienne. Le casque a bien la forme oblongue que Sasha connaît à ces créatures mais il semble plus grand en proportion. Le thorax, les membres sont plus longs et les plaques de Sève sont épaisses malgré le passage du temps. Si elle devait reconstituer cet habillage dans son esprit, elle dirait que l'être fait plus de deux mètres. C'est beaucoup trop grand pour un Sylphide normal. La moyenne atteint généralement 1 mètre 60, du moins pour ce qu'elle en connaît. Le long de ce qu'elle imagine être les bras se trouvent des tubes qu'ils reconnaissent sans mal comme des armes. Chaque élément de cet exosquelette est disloqué du reste et gît vide, comme une coquille, dans une position étrangement humanoïde. Il semble qu'il soit tombé là, amorphe. Son propriétaire tout bonnement volatilisé comme s'il n'y avait jamais rien eu à l’intérieur. Au centre de son casque un symbole dont Sasha n'a pas connaissance est frappé. Elle sait cependant que c’est ainsi que les Sylphides indiquent leur appartenance et leurs origines. Sur le torse blanc et vert couvert de poussière vert-de-gris, il y a une gemme d'une taille impressionnante qui a volé en éclat. De presque 40 centimètres de diamètre, c'est la plus imposante que lady Van Pelt ait vu. L'objet a un impact et s'est brisé en son cœur. Les plus gros morceaux sont toujours enchâssés à l’intérieur du plastron mais les plus petits se sont éparpillés un peu partout ! Près de la pierre, imprimée dans l'armure blanche et vert pâle, une marque brun rougeâtre, une petite main, aux doigts fins et ensanglantés, s'est posé près de son cœur il y a bien longtemps ! Non loin de la porte qu'ils ont emprunté, un autre cadavre, humain cette fois. Les tissus momifiés ont collé aux os et ont pris une teinte brune et parcheminée. Les cheveux gris et les ongles sont devenus longs et fourchus. Les restes sont ceux d'un homme qui porte la robe du clergé. A regarder ses attributs et les médailles qui parsèment son habit gris, on peut en déduire qu'il faisait partie des missionnaires de Crux Dei. Des hommes de fois renommés pour leur rigueur, leur entêtement et leur ferveur à la tache, originaires du monde cathédrale du même nom dans le Cocyte. Des hommes et des femmes rudes et durs au mal. La bouche du squelette est ouverte dans une posture effroyable de hurlement figé et silencieux. L'espace d'une seconde la jeune femme frémit en repensant aux marionnettes macabres qu'elle a déjà eu l'occasion de rencontrer dans ces vieux tombeaux sur Pandora. La morsure glacée de la peur l’étreint. Néanmoins aucun ne manque de noter deux choses. La première, c'est le médaillon imposant que porte le mort : une croix pattée noires aux quatre empattements réguliers perpendiculaires. Celle-ci est traversée par deux épées croisées, sur un fond d'émail vert. Sasha connaît ce symbole. Il s'agit de celui d'un des ordres inquisitoriaux de l'Empire. Plus particulièrement, il appartient à l'Ordo Alienem et comme son nom l'indique ses officiants s'occupent de réguler et de contrôler les interactions de l'humanité au sujet de toutes les sortes de contacts avec les espèces étrangères. Il va s'en dire que théoriquement, ces contacts, quel qu’en soit la nature, sont tous proscrits et sévèrement châtiés par cette institution ! L'autre détail curieux c'est la cause de la mort qui affligé l'individu. Le trou d'environ deux centimètres de diamètre sur le devant de son crâne et l'éclatement de plus de trois fois cette taille sur le côté exactement opposé, ainsi que la tâche brune atténuée par les siècles sur le mur derrière lui, suggèrent qu'il a été abattu par une arme humaine de très gros calibre explosif à bout portant ! Angus Maël tique ostensiblement et retourne du bout de ses bottes la poussière. Rapidement, il découvre une douille. Il la ramasse et l'observe entre ses doigts épais recouverts de ses gantelets de plaques. Elle est très vielle et patinée par le temps. L'objet a été expulsé par un canon de poing d'un calibre très volumineux, probablement porté par un homme de très forte carrure pour encaisser le recul. Il est évident que le prélat est mort sur le coup. Ce qui est intéressant c'est que cette douille est marquée du même symbole que celui porté par le mort. Alors que Sasha se penche pour examiner de plus près l’exosquelette, Maël jette un regard perplexe à Carlos. Celui-ci escalade doucement l'estrade pour atteindre et inspecter la créature en stase. Il observe avec attention le diadème sur sa tête qui a l'air d'être fixé à de nombreuses tiges et lianes reliées au dispositif... Le psionique Teodor Strojan, beaucoup plus serein depuis qu'il a pénétré dans ce sanctuaire étrange, s’accroupit en face de la demoiselle. Celle-ci retire son masque respiratoire avec un peu d'appréhension. L'air ici, contrairement à son âpreté à l'extérieur ou dans le reste de la cité de cristal, est sain et léger. Elle inspire un grand coup ! Elle regarde ensuite le devin et tourne la tête pour englober la scène antique, mystifiée par l'être fantastique dans le cercle conducteur ! « Mais que s'est il passé ici ? » murmure t-elle à peine. A cet instant, elle voit Teodor fermer les yeux et se concentrer. Celui-ci dispose ses mains dans une posture de prière et adopte une respiration méditative sonore dans son respirateur volumineux qu'il a refusé de retirer. Après quelques minutes de concentration et de silence, bercé par la pulsation subtile de la lumière ambiante, il retire ses gants. Il les tend à Lady S'Il-Vous-Plaît puis il pose ses mains nues sur l'armure vide.

L'Hydre et le Dragon
Partie I "Ubi est, mors, victoria tua ?... "
Chapitre XI "Lady S'Il-Vous-Plait"

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